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Jesabel suivi le chemin à travers un petit boisé. Les branches sèches des arbres autour craquaient dans le vent. Un corbeau lança son cri haut et fort dans les airs pour permettre aux gens éloignés d'entendrent son funèbre écho. Le sentier se séparait parfois, montait ou descendait pour s'étendre jusqu'au fin fond de la forêt. Sans monter ni descendre, la femme marcha un moment, contournant complètement la petite colline, et se retrouvé enfin devant un village. Un petit village. Contrairement au ruine des anciens bâtiment de pierre blanche que Jesabel avait vu quelque instants plus tôt, les maisons ici étaient faite de bois. Toute bien taillées, les planches étaient placées les unes sur les autres dans un assemblage parfait. Bien que les habitations ici ai l'air beaucoup moins spacieuse, elle était bien construite et paraissait confortable.
Jesabel passa d'une rue à l'autre. Elle s'arrêta finalement devant une petite maison. Elle était faite de planche de bois sombre, les fenêtres était fermé par des rideaux et de petites sculptures ornaient le contour de la porte. La jeune femme alla frapper quelque coup à la porte puis, sans attendre de réponse, tourna la petite poignée de bronze et entra.
L'intérieur de la maison était totalement sombre et il n'y avait aucun bruit. Jesabel s'avança silencieusement entre les meubles, les bras devant elle, tâtant les objets pour les contourner. Traversant une partie de la maison, elle laissait derrière elle une trainé de lumière, allumant des chandelles ici et là. Après un moment, ayant mit un peu de vie dans le petit gîte, la jeune femme alla s'assoir sur un vieux divan en face d'une petite chaise berçante. De cette chaise monta une petite voix éraillée.
-J'avais bien hâte de te voir enfin.
Jesabel sourit. Elle qui, normalement, gardait joie et peine à l'intérieur, retira son masque et étira les lèvre en une marque de bonheur contagieuse.
La faible voix continua:
-J'étais certaine qu'on t'avais interdit de te rendre au cimetière, dit-elle en émettant un léger ricanement. Je savais bien que tu ne laisserais pas tes parents dans l'inquiétude de ne plus te revoir, dans la solitude de ce misérable cimetière. Si un jour quelque chose arrive à me tuer, j'espère que personne ne m'enverra dans ce sale endroit...
Sur ces mots, une vieille femme apparut de derrière le tas de couverture empilé sur la chaise berçante et se leva. Elle était si petite et si courbée qu'elle aurait pu touché le sol sans se pencher plus. Elle avait la peau ridée et les cheveux grisonnants. Ses petits yeux bleus très pâles et sa bouche étirée lui donnait un air sympathique.
Tout en ricanant, la vieille dame se rendit lentement dans une autre pièce. Elle avançait à tâtons comme si elle avançait au hasard. Elle en revint avec un bol qui laissait échappé un filet de vapeur. Elle donna la jatte à Jesabel qui la remercia silencieusement. Puis, tout aussi lentement, elle retourna s'assoir dans la chaise berçante.
-J'espère que ce bouillon te plaira! Il a mijoté toute la journée. J'adore faire du bouillon, c'est une des seules recettes qui ne m'essouffle pas trop encore!
La vieille femme ricana et observa longuement Jesabel souffler sur le bouillon pour le faire refroidir. Après un moment, elle demanda :
-Qu'est-ce qui t'amène cette fois ma chère? Ça faisait déjà un bout de temps que tu n'étais pas venu me voir et je ne m'attendais pas ta visite avait quelque semaines.
-Oh... Depuis quelque jour, bien des chose me tracasse... dit Jesabel avant de boire un peu du liquide chaud.
-Racontes-moi tout ça. Je me ferai un plaisir de te guider jusqu'à la lumière qui résoudra tes problèmes!
Jesabel posa son bol encore à moitié plein sur une petite table près du divan et passa sa main sur son bras gauche.
-J'ai deux questions à vous poser pour commencer...
-Je suis toute ouïe chère enfant.
La vieille femme lui fit un sourire rayonnant. Jesabel essaya de lui rendre son sourire mais elle n'en fut pas capable. Son visage resta figé par l'inquiétude, les yeux dans le vide, perdu dans les pensées qui la tourmentaient depuis déjà quelque jour.
-Premièrement, commença Jesabel, j'aimerais savoir si vous savez quelque chose à propos de la marque que j'ai sur l'épaule.
-Oui, j'ai entendu beaucoup de légende à ce sujet mais je peux te garantir que je connais la véritable version.
-Deuxièmement, êtes-vous encore certaine que les rêves peuvent être prémonitoire et qu'il est possible qu'ils se réalisent un jour?
-Oui, bien sûr. J'en suis sûre et je le serai toujours.
Jesabel poussa un soupir désespéré et cacha sa tête dans ses mains. Déconcertée, la vieille femme lui demanda :
-À ce que je peux entendre, ma réponse n'était pas celle que tu attendais...
-J'adorerais vous expliquer en détails tout ce que j'ai sur la conscience... mais je n'ai pas assez de temps. Le Seigneur Nándel veut me rencontrer dans deux heures et...
-Le Seigneur Nándel... Sais-tu pour quelle raison il te demande?
-Je n'en ai pas la moindre idée. J'imagine qu'il me parlera encore de ce que j'ai fait cette après-midi et qu'il me répètera encore et encore de ne pas m'éloigner de ce foutu village... J'en ai assez de l'avoir toujours sur le dos...
-Commence d'abord par m'expliquer ce qui te tracasse tant. Reviens me voir demain si tu as autre chose à me dire.
-... Hum... Très bien.
Jesabel inspira profondément. Elle chassa les mauvaises pensées de son esprit pour expliquer bien en détails tous ses problèmes. Les images de son rêve lui reviennent peu à peu, la faisant grimacé. Peur, peine, tourment...
-J'ai rêvé à ça il y a deux ou trois nuit. Mais ce n'était pas la première fois... je crois... Dans ce rêve, je suis au milieu d'un grand champ, d'un grand espace dégagé. Il n'y a rien autour jusqu'à ce que... jusqu'à ce que le ciel se teinte de bleu clair et de blanc. À ce moment, la joie me gagne. Je me voit sourire et rire alors qu'une foule se dirige vers moi et m'entour doucement. J'ai l'impression de ne jamais avoir été plus heureuse qu'à ce moment puis... hum...
La jeune femme s'arrêta et essaya de mettre de l'ordre dans toute ses idées. Elle passa ses doigts sur ses yeux qui, à mesure que le temps passait, voulait se fermer et ne plus voir toutes les horreurs de son monde. La vieille femme attendant patiement, comprenant le malaise de sa jeune amie. Se concentrant sur son rêve, Jesabel continua:
-Puis, le ciel tourne au rouge. Des nuages sombres envahissent le firmament et assombrissent tout ce qu'il y a autour. La foule se dissipe et je me retrouve seule, abandonner par tous ces gens que je croyais aimer. Je croule sous la tristesse et sous la peur. Je me vois, à genoux sur le sol, la tête dans les mains. Chaque fois que je repense à ce moment de mon rêve, j'ai envis de pleurer, de disparraitre... Lorsque je rouvre les yeux, une boîte est apparu devant moi. Lorsqu'elle s'ouvre, tout disparaît... et je me réveille la plupart du temps...
Jesabel releva la tête. Elle observa la vieille femme assise devant elle espérant un signe, une réponse qui l'aiderait à comprendre. La femme âgée ferma les yeux. Quelques instants s'écoulèrent. La femme ne rouvrit pas les yeux mais elle prononça doucement, comme si elle parlait dans son sommeil:
-J'ai bien de la difficulté à interprété ce que tu vient de me raconter. Tes émotions sont contradictoires et aucun n'indice ne peut me permettre de décripter ce que tu as vu cette nuit-là. Maintenant pourtant, je comprend très bien pourquoi mon idée que tous les rêves peuvent se réaliser ne te plaisait pas. Je ne dit pas que celui-ci se réalisera, je ne te le souhaite pas d'ailleurs, mais, à mon avis, il y a des chances qu'il ai une signification, que tu découvrira peut-être un jour. Il est probable qu'il arrive certaine chose en liens avec ce que tu viens de me raconter.
Jesabel fut un peu soulager d'entendre que son rêve avait peu de signification. Après avoir pris quelques respirations longues, elle fini tranquillement son bol de bouillon. Sa vieille amie rouvrit les yeux et sourit de l'entendre respirer ainsi, heureuse d'avoir pu l'aider à appaiser ses pensées.
La jeune femme reposa son bol, maintenant vide, sur le coin de la table.
-Je passe maintenant au sujet de mon autre question.
-Oui, bien sûr! La marque noir que tu as sur l'épaule...
-C'est bien ça. Depuis toute ces années, je me demande pourquoi j'ai cette marque. De plus, j'ignore totalement le sens du dessin. Je suis venu vous voir pour comprendre ce que moi, je ne comprend pas. J'espère que vous pourrez m'aider?..
-Mais bien sûr! Bon, d'après ce que j'ai lu et entendu il y a bien des années de cela, tu ne serais pas la seule à avoir une telle marque. On racontait, bien avant que toutes ces histoires ne servent à divertir les gens, que ce genre de marque pouvait touché toute un population. C'était en majorité les femmes qui naissaient avec ce dessin sur l'épaule.
Jesabel repensa à sa propre marque. Elle l'avait caché toute sa vie de peur de se faire exclure par les autres membres du village. Depuis la première et la seule fois qu'elle avait osé la regarder dans un mirroir, elle se souvenait parfaitement de chaque courbe, chaque ligne. En fait, ce n'était pas vraiment un dessin puisqu'il ne représentait pas quelque chose en particulier. C'était plutôt un ensemble de trait, se croisant et s'emmèlant, tout en noir, enfermé dans un cercle d'à peu près dix centimètre de diamètre.
-Saches que je ne suis pas tout à fait sûre de ce que j'affirme. Je ne veux pas non plus te faire peur. Je sais toutefois que cette marque est une liaison, une liaison particulière avec un Doahm. On dit qu'un Doahm quelque part dans ce monde nait avec exactement la même marque qu'un humain ou une humaine a sur l'épaule. Les mêmes lignes croisées de la même manière.
Jesabel frisonna en entendant ces phrases. Toute sa vie, elle avait souhaité avoir des explications consernant cette marque. Maintenant qu'elle savait une partie des renseignements, elle avait tout simplement envie de tout oublier, de n'avoir rien entendu. Pourtant, elle était avide de connaître la suite et continua à écouter, sans interrompre la vieille femme.
-On dit aussi qu'à la suite d'un étrange rituel, l'humain marqué tombe sous le contrôle du Doahm. Celui-ci peut alors lui faire faire tout ce qu'il veut avec son nouvel esclave...
La vision de Jesabel s'assombrit durant un court instant, prise de panique, imaginant toute sorte de scénarios cauchemardesque. Puis, serrant les poings, elle se repris peu à peu. Elle ferait tout pour que ce genre de chose n'arrive pas.
-Je crois que le Seigneur Nándel a raison en te disant de faire attention. Les Doahm parcourent encore les environs, tuant tous ceux qui se trouvent sur leurs passages. Pourtant, à mon avis, si il découvre que tu est marquée, ils t'emporteront plutôt avec eux et tu n'auras d'autre choix que de devenir l'esclave de celui avec qui tu es liée...